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Bui blog
12 juin 2011

Aux armes etc...

.../

Les livres malades sont des livres d'agonie et de naissance. C'est en appuyant leurs phrases sur le sentiment perdu d'enfance qu'ils peuvent aller avec amour dans la rage, avec amour dans la malédiction, avec amour dans l'insulte. En 1939 Bernanos écrit Les Enfants Humiliés.../

Ecrivant, Bernanos perd ses moyens d'écrire et laisse filer de ses mains un livre en lambeaux, rouge de fièvre.../

Les secrets du monde sont des secrets misérables, ils se laissent attraper par ce genre d'écriture-là, mal polie, mal habillée, malade.../

Il vous manque l'art des nuances qui est l'art adulte par excellence. Les braves gens tristes ont toujours prétendu que les choses étaient très compliquées et qu'il fallait beaucoup mûrir avant de les saisir. Ce discours sur la complexité des choses est, il n'y a pas d'autre mot, le discours d'un salaud, de celui qui s'adresse à l'enfant pour lui dire : tais toi. Tu parles d'esprit et de révolte mais tu ne sais pas de quoi tu parles. Attends d'être comme nous et tu pourras parler en connaissance de cause.../

Les livres malades sont les derniers à mourir.../

Christian BOBIN, in : Autoportrait au radiateur, Gallimard/NRF, 1997

Evidemment, on peut s'étonner de trouver le mot " salaud " sous la plume de Bobin, mais à le lire, Bobin n'est pas un ange. Il a le caractère affirmé, c'est le moins que l'on puisse en dire. Je cherche toujours le féminin de " salaud ". Ce que Bobin nous dit, si j'ai bien compris, c'est que les " bonnes " gens trouvent toujours une excuse très valable, très " adulte ", en effet, pour repousser négligemment du bout d'un doigt accusateur ceux qui ruent dans les brancards. Maniant l'avertissement quand ce n'est pas la menace, l'insulte quand ce n'est pas l'humiliation, les salauds vous considèrent de haut, en effet oui, comme si enfant vous étiez. Vous menacent de l'isolement, vous menacent tout court. C'est ainsi que je me vis un jour asséné, pour cause de trop de rebellitude, : "Tu resteras ton seul public" par ce qu'il convient de qualifier de salaude, ou pauvre merde, au choix. Je tiens à remercier Bobin pour avoir mis ses mots, il y a bientôt 15 ans, sur ces bonnes gens notables avérés salauds avérés. A mettre au féminin comme au masculin.

"Derrière mes talons la meute toujours recommencée" : Chacun ses mots, mais le coeur y est.


 

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